Remarquable exposition personnelle dont l’importance et les répercutions diffusent encore aujourd’hui les surréalistes parfums capiteux d’une trentaine d’huiles sur toile et autant d’œuvres sur papier. Les cimaises du palais des Congrès de Grasse s’en souviennent … Un nouveau thème inspire à présent son travail artistique.
A force de fixer l’horizon au-dessus des derniers contreforts maritimes des Alpes, les grands espaces l’emportent à nouveau, au sud du sud, dans l’infini des déserts et des plaines de l’Aïr. Là s’écoulent, sous l’empreinte des vents, des terres aux contours fluides et sensuels aux ocres et aux bruns veloutés. Nul par ailleurs ces couleurs ne connaissent de telles tonalités et une telle intensité !
«Cette nuit, j’ai rêvé de neige !» s’exclame Carrassan, en fixant au loin le sable, là où il devient éther. Elle se hisse alors entre les bosses de son chameau et au gré des couleurs s’aventure vers un prochain ailleurs.
Dans la pureté de la ligne et la progression chaloupée, sa silhouette se fond bientôt, au loin, à la lumière d’un nouveau matin, d’un nouveau mirage, d’une évolution picturale, reflet sur la toile lisse de ses certitudes, d’Amour et de Paix.
«Transparence bleue» témoigne de cette époque et du fond de son coeur lui sera dédié. Venise et la féerie du Carnaval lui inspirera de nombreuses oeuvres dont «Le Masque à double face» personnage vêtu de mystère et de couleurs arlequines.
Au neuvième jour des Ides, elle devient geisha au pays des 3400 îles et apprendra au fil de plusieurs vies… Très imbriquées les unes avec les autres, le Kyüdo, l’Aïkido et le Karaté. Sa «Geisha d’or» date de ce passage ainsi qu’une importante série de dessins sur papier Japon réalisée à la mine de crayon et au pinceau chinois. Par l’extrême pureté de son graphisme, son exposition d’Osaka en Mai 1992 fera figure de retour aux sources dans cette fantasmagorie symbolique et spirituelle.
Une succession d’évènements plus ou moins anodins la fit s’installer à Spéracèdes, prés de Grasse. L’étymologie de Spéracèdes signifie: «l’endroit où l’on s’arrête, l’endroit par où il faut passer.» Elle y construit en 1988, un ermitage dans la nature, la lumière et la paix. Carrassan y peaufinera et ajustera son art jusqu’à parvenir à une exceptionnelle maîtrise qui, telle la rose, s’épanouira bientôt dans la disponibilité, l’aisance et l’indépendance. La Rose fut d’ailleurs en mai 1993, le thème d’une
à l’huile de «Ame libre», de «Quintessence» et d’ «Aphora» principalement.
Sioux au Canada juste avant le massacre et les épidémies qui entachèrent l’épopée de Magellan, elle y apprendra l’Harmonie avec la nature et l’univers.
L’architecture gréco-romaine inspirera bientôt ses créations et elle deviendra peintre… à part entière après une visite au mont Hélicon voué au culte d’Apollon et de ses Muses. Elle s’installe en Italie du côté de Fiesole, à l’époque où Michel-Ange de retour à Florence réalisait «David», une colossale statue en marbre, à la puissance confondante. Carrassan en fut fortement marquée et laissera de cette époque en hommage notamment, «la Volonté Divine» et «le Don de la rose». La concordance des âmes des deux artistes se situe au niveau des formes sculpturales de la matière et tout particulièrement du corps humain, sculpté par Carrassan, à même la toile et jusqu’au coeur de la fibre du papier de ses dessins.
Toujours sous la renaissance italienne, elle sera nonne à Venise où elle réussira à éviter malgré l’étude, les pièges de l’austérité. Benvenuto Cellini l’y aidera, elle sera totalement subjuguée et réceptive à son art et le lui témoignera dans le secret tutélaire des amours vénitiennes.
Cela se passait quelques siècles avant Jésus-Christ, quelque part en Europe. Carrassan naissait alors de la rencontre d’un père égyptien et d’une mère d’origine hindoue. Sa grand-mère maternelle lui enseignera les principaux préceptes de la sagesse. Ce qui permit à l’enfant de recevoir les principes d’une réflexion entre tradition et pensée, d’éveiller sa sensibilité aux arts et d’élaborer les prémices d’une synthèse entre Orient et Occident.
Delphes fut le théâtre de ses débuts artistiques et autodidactes avec ses premiers dessins à la craie et à l’or fin: «La lumière procure la vie, l’or est une facette de ce qui luit.»
Delphes conserve ainsi indirectement , le souvenir de ses premières grandes peintures
Jean-Louis AVRIL
Journaliste
– Univers des Arts –
Octobre 1995
SYMBOLIQUE CARRASSANE
Once, some centuries B.C., somewhere in Europe, Carrassan was born from the meeting of an Egyptian father and a mother of Hindu origin. Her maternal grand-mother taught her the main precepts of wisdom, which allowed the child to receive the principles of reflection between tradition and thought, to awake her sensitivity to the arts and to elaborate the early beginnings of a synthesis between Orient and Occident.
Delphi was the theatre of her artistic and self-taught beginnings, with her first chalk and fine gold drawings : « Light gives life, gold is a facet of what shines. »
In that way, Delphi preserves, indirectly, the memory of her first large oil paintings, of « Ame libre », « Quintessence » and « Aphora ».
Sioux in Canada, just before the massacre, and the epidemics that stained Magellan’s epic voyage – she will learn there harmony with nature and the universe.
Greco-Roman architecture will soon inspire her creations and she will become a painter… Full painter after a visit to mount Helicon dedicated to Apollo and his Muses. She settles in Italy near Fiesole, at the time when Michelangelo is back from Florence and created « David », a confoundedly powerful marble statue. Carrassan was deeply struck by it, and will leave from this period as a tribute « La Volonté Divine » and « Le Don de la Rose ». The similarity of the two artists’ souls is situated at the level of the sculptural forms of matter and particularly of the human body, sculpted by Carrassan on the canvas and in the heart of the paper fibre of her drawings.
Still within the Italian renaissance, she will be a nun in Venice where she will avoid, in spite of the study, the pitfalls of austerity. Benvenuto Cellini will help her, she will be totally subjugated by and receptive to his art and will show this to him in the tutelary secret of Venetian love. « Transparence bleue » testifies to this period and will be dedicated to him. Venice and the fantasy of the Carnival will inspire her numerous works such as the character of « Le Masque à Double Face » : full of
mystery and Harlequin-colours.
On the ninth day of the Ides, she became a geisha in the country of the 3,400 islands and will learn within several lives… rolled up with each other, Kyudo, Aikido and Karate. Her « Geisha d’Or » dates from this passage as well as an important series of drawings on Japan paper made with pencil and Chinese brush. By the extreme purity of her drawing, her exhibition in Osaka in May 1992 will be seen as a return to her roots into this symbolic and spiritual phantasmagoria.
Events will have her settle in Spéracèdes, near Grasse… The etymology of Spéracèdes signifies : « the place where one should stop, the place where one should pass through ». She will build there, in 1988, a hermitage of nature, light and peace. Carrassan will refine and adjust her art to reach an exceptional mastery that, as with the rose, will soon bloom into ease and dependence.
Besides, « La Rose » was, in May 1993, the theme of a remarkable personal exhibition, its importance and repercussions still pervade today with the surrealistic heady perfumes of about thirty oils-on-canvas, and as many works on paper. The ogee mouldings of the « Palais des Congrés » in Grasse
still remember them… A new theme inspires her artistic work now.
Through sheer force of contemplating the horizon above the maritime foothills of the Alps, the big spaces get the upper hand, again, at the South of the South, in the infinite of deserts and of the plains of the Aïr. There, under the mark of the winds, contours with fluid and sensuous outlines, with velvety ocres and browns. Nowhere else do these colours have such tonalities and such intensity !
« Last night, I dreamt of snow ! » Carrassan exclaimed, staring at the far away sand, where it becomes ether. She raised herself between the humps of her camel and ventures, at the mercy of colours, towards a next elsewhere.
In the purity of the line and swaying progression, her silhouette soon melts, far away, with the light of a new morning, a new mirage, a pictorial evolution, reflection on the smooth canvas of her certainties of Love and Peace.
Jean-Louis AVRIL
Journalist
– Univers des Arts –
October 1995